Né au lendemain du désastre de Sedan, ayant
traversé les quatre années de feu et de sang de la Grande-Guerre, Valéry, en 1939,
pour la troisième fois de son existence, dut affronter les angoisses
d'un conflit, cette fois, mondial.
Le 17 septembre 1939, depuis la campagne du Mesnil
(Seine-et-Oise) où il passait l'été, il écrit à Gide :
« Hier, j'ai vu François entrer à la caserne. Je suis étonné moi-même
d'être affecté par ceci (qui devait arriver) au point extrême que je le
suis. J'en suis intimement malade, et surpris de me sentir, depuis
quelques jours surtout, dans cet état de destruction nerveuse en
profondeur…
On veut m'employer, quant à moi, à un tas de ces choses
inutiles à quoi on destine les gens non moins inutiles qui sont nous. On
m'a fait dire au micro un soi-disant "Message", qui me vaut 30 % de
compliments, et le reste d'injures, par lettres signées ou non. Bravo
pour les injures !
Mais je n'ai le cœur à rien. Je me ronge ici, et veux m'en
aller. J'aime mieux Paris, malgré les êtres. Mais je ne fais jamais ce
que je veux, quoique je veuille bien rarement quelque chose.
Je fume, je fume, je me mets pendant
des heures à des calculs sans intérêt, sans issue. La sottise des hommes
m'étouffe. Et la mienne se sent la résumer toute et la concentrer comme
une essence, ou comme un acide qui s'attaquerait soi-même.
Je voudrais être avec
toi.
Paul. »
En janvier 1940, le professeur du Collège de France consacre
un cours au Père Cyprien, carme, qui en 1641 traduisit en français le
Cantique Spirituel de St-Jean-de-la Croix et "qu'il propose aux amateurs
de beauté de notre langage de considérer désormais comme l'un des plus
parfaits poètes de France".
C'est le premier texte de prose qu'il me fut donné de lire, de
Valéry, au Petit Séminaire du Vigan, en 1941, lorsque ce cours fut
publié dans la Revue des Deux-Mondes ; lu alors avec ravissement. Relu,
aujourd'hui, avec un plaisir intact.
Durant ces mois de la drôle de guerre, Valéry, fatigué de plus
par une bronchite tenace, vécut dans un état de permanente anxiété, avec
le cauchemar de savoir "ses enfants, Claude et François, dans la
bataille de là-bas" : « Dans cet état, les meilleures idées qui
pourraient me venir, me seraient indifférentes, si ce n'est pénibles. On
dirait qu'elles le pressentent, et s'abstiennent ou n'insistent pas… »
Il travailla cependant à son Faust et, le 1er mars 1940, il
écrit la charmante lettre que voici à son amie de Marseille, Marguerite
Fournier, qui fut pour lui et sa famille, une Providence, durant ces
dures années de restrictions (voir Lettres à une amie, 30 lettres
publiées grâce aux du Professeur Marcelle Chirac, Lourmarin, 1988, 91
pages).
(En tête : Académie française)
Jeudi 1er mars 1940
Chère Mademoiselle et amie,
Je vous écris du sein de l'Académie. C'est un sein qui n'est
pas très ferme. Et je m'abstrais facilement d'une discussion sur le mot
"Aigle", pour vous envoyer quelques mots. Cette séance m'est une espèce
de séjour dans une oasis qui est verte mais sèche, et je saisis cette
heure de présence où ni le téléphone, ni le courrier, ni les très
diverses occupations que je suis obligé de mener ne me harcèlent ; je
puis y penser un peu à mes heures de Marseille, si faciles et si
confortables grâce à vous. A peine arrivé, j'ai été repris aussitôt par
la machine de ma vie. J'ai eu la surprise de trouver ici mon gendre et
mon fils n° 2, tous deux en mission.
Paris est moins gai à voir que Marseille. Le jour de mon
arrivée, il y avait une alerte à l'aube. Ma petite fille réveillée et
conduite dans l'abri était furieuse et voulait tuer tous les allemands,
ce qui est une très bonne idée !… »
[1]
Hélas, deux mois plus tard, le pire se produisait - mai 40 -
et pour la famille
Valéry, comme pour tant d'autres, l'exode, eux, vers Dinard. Une longue
et confiante lettre à l'abbé Mugnier mérite d'être citée dans son
intégralité :
« Dinard, Ille-et-Vilaine, 8, rue des Marettes, 1940
Cher et vénéré ami,
Ma femme et moi sommes bien heureux d'avoir de vos nouvelles.
Tout le monde est à tâtons dans cette "nuit cruelle", infiniment plus
cruelle que tout ce que Racine pouvait imaginer. On se demande : "Où est
un tel ? Et où est la France ? Et où, tout ce que nous avons connu,
espéré, admiré ?"
Les Psaumes, les prophètes et l'Apocalypse me paraissent à
présent raisonnables, et même bien modérés, dans leurs lamentations et
imprécations, où l'on trouve jusqu'aux chars des Assyriens et aux chutes
d'étoiles qui tombent comme les figues du figuier !
Mais je ne veux pas parler des évènements. Ils ont seuls la
parole, et quelle voix affreusement inouïe ! D'ailleurs je ne sais que
ce qu'on peut savoir, et ce que l'on nous donne. Je passe aux nouvelles
de nous. Nous avons quitté Paris en taxi à la fin de mai. J'étais à
peine rentré de convalescence à la Malmaison. Nous, c'est-à-dire ma
femme, ma belle-sœur, ma fille et sa fille, ma belle-fille et les deux
bonnes et moi. Nadia Boulanger nous avait trouvé ici un petit hôtel où
nous sommes restés en pension avant d'avoir loué cette villa qui voit la
mer et quantité de fleurs, parmi lesquelles sont installés bien des
hôtes puissants et solides… La mitrailleuse et les hélices s'entendent
presque tous les jours dans les airs.
Nous avons vécu ici des semaines d'angoisse croissante, la
patrie et les enfants en danger.
Enfin nous avons appris cette sorte de miracle que mes deux
fils et mon gendre, sains et saufs, s'étaient rencontrés dans les rues
de Clermont-Ferrand… Mon gendre, qui était le plus exposé, a eu la croix
de guerre. Mais comment se réunir à présent ? Le paradoxe de l'affaire,
c'est que c'est nous enfin qui sommes les prisonniers !
Nous allons cependant aussi bien que le permettent la pensée
du lendemain et la présence très correcte, mais très sensible, de tous
les ministres de la colère divine.
Oui, les problèmes de tous et de chacun pèsent sur le cœur. Je
ne sais ce que vont devenir ces garçons, comment se feront-ils une vie ?
Je compte rentrer à Paris dès qu'il sera possible. Mais les transports ?
Mais les bagages ? Ma fille, qui est dans un état très avancé, ne peut
voyager sans risques, si le voyage est rude…
Voilà notre état, cher et excellent ami. Il pourrait être
pire… Mais la France !
Je vous charge de tous mes hommages pour Mme de Castries. Mme
de Durfort doit être à Combourg. On me dit qu'elle a 800 hommes auprès
d'elle. Mais je vous dis qu'on me l'a dit et rien de plus.
Terminons par une courte prière : Seigneur, Seigneur,
préservez-nous des imbéciles ! Faites que ce peuple où il y a tant de
gens d'esprit, ne demeure pas éternellement le plus bête peuple du
monde !
De tout notre cœur, nous vous adressons tout ce qu'il contient
de plus affectueux. »
(Princesse Bibesca,Le Confesseur et les poètes, Grasset, 1970,
p. 210-213).
L'abbé Mugnier, au fil des ans, était devenu, pour Valéry, un
ami véritable, dont il fit, du vivant de l'abbé, en public, l'éloge, le
9 juin 1934 : « Charmant et vénérable chanoine Mugnier, l'un des très
rares hommes qui soient spirituels dans tous les sens de ce terme
ambigu, et qui nous représentent par la finesse, la bonté, le culte des
âmes et des lettres, les plus exquises qualités de l'ancienne Eglise de
France. »
(Pléiade, o.c., I, 769).
Cet Aumônier Général des Lettres Françaises, comme d'aucuns
l'appelaient volontiers, qui connaissait tout, de Valéry, et les
grandeurs et les faiblesses, et lui pardonnait tout, dès leur première
rencontre avait reçu ses confidences :
« 25 mai 1922.
Déjeuné aujourd'hui, chez Mme Hyde, avec Valéry. Il m'a confié
qu'il n'est pas chrétien, qu'il n'aime pas l'Evangile, qu'il le trouve
méchant. Il ne comprend pas le mélange de Dieu et de la souffrance, et
considère les miracles de l'Evangile comme indignes de lui. Ainsi de
changer l'eau en vin, c'est un tour de prestidigitation peu grand.
Valéry m'a cité le passage où il dit que Jésus touché par l'hémorroïsse
ne comprend pas et sent une vertu qui sort de lui. Il n'aime pas la
scène des pourceaux jetés dans le lac. Il trouve qu'il y a, dans l'Evangile,
plusieurs Christ différents. C'est comme le Dieu de la Genèse, des
textes élohistes et jéhovistes. Il définit la foi "la force de fabriquer
le vrai". Il est, dit-il, d'une grande volonté intellectuelle. Le devoir
est de douter.
Valéry parlait encore de la transformation métaphorique de
Mallarmé. Et comme je lui disais que ce dernier parle beaucoup de la
chevelure féminine, il a ajouté "et aussi de l'éclat de la peau". Valéry
a renoncé à la littérature, en 1892, dit-il, en plein mallarméisme. Il a
repris pendant la guerre. Valéry parle beaucoup, mais sa prononciation
n'est pas très nette. »
On retrouvera les mêmes prises de position valéryennes, ne
varietur, lors d'un face-à-face avec Paul Claudel, ménagé entre les deux
hommes par Henri Mondor, le 23 novembre 1943, dont on lira les reportata
dans les Propos familiers de Paul Valéry, Grasset, 1957, p. 197-223. Ce
recueil de propos fami-liers représente une chronique des années noires.
Propos qui nous sont d'autant plus précieux qu'enregistrés au jour le
jour, criants d'exactitude, nous y sommes. C'est ainsi que, le 12 avril
1942, nous entendons Valéry réciter, du premier au dernier vers, par
cœur, l'Après-midi d'un faune, lui qui avait toujours ms en avant son
incapacité, réelle, d'apprendre et retenir un texte. Comme les convives
s'étonnaient devant cette performance, il commenta :
« " J'ai gardé deux ou trois cents vers, qui se sont imposés
d'eux-mêmes à ma faculté conservatrice, de par leur autorité propre. Cet
enregistrement spontané en moi, qui n'ai jamais pu apprendre une leçon,
m'a fait soupçonner qu'il y avait une vertu singulière dans la forme de
ces vers."
Jamais je n'avais vu Fargue aussi bouleversé, privé d'images,
de vocabulaire, si près de laisser couler ses larmes. Nous emportions,
comme une féerie de moment unique, ce souvenir du disciple du plus
prodigieux ayant répété, peut-être pour la dernière fois, le chant
préféré de sa vie. »
On le voit, à l'occasion d'une réception en juin 1943, refuser
de serrer la main de Georges Ripert qui, ministre de Vichy, l'avait
destitué, en mars 1941, de sa fonction d'administrateur du C.U.M.,
fonction dans laquelle il fut rétabli en mars 1945. Etc…

Le 4 janvier 1941, Henri Bergson disparaissait. Il revint à
Valéry, dans le cadre académique, de prononcer l'éloge du philosophe, ce
qu'il fit dans le grand Discours du jeudi 9 janvier 1941. Voici un
large, quoique trop court extrait, de cet admirable texte (Pléiade, o.c.
I, 883-886) :
« Je pensais, au commencement de cette année qui trouve la
France au plus bas, sa vie soumise aux épreuves les plus dures, son
avenir presque inimaginable, que je devais exprimer ici les vœux que
nous formons tous, absents et présents de cette Compagnie, pour que les
temps qui viennent nous soient moins amers, moins sinistres, moins
affreux que ceux que nous avons vécus en 1940, et vivons encore.
Mais voici que dès les premiers jours de cette année nouvelle,
l'Académie est en quelque sorte frappée à la tête. M. Bergson est mort
samedi dernier, 4 janvier, à l'âge de quatre vingt un ans, succombant
sans souffrance, semble-t-il, à une congestion pulmonaire. Le corps de
cet homme illustre a été transporté lundi de son domicile au cimetière
de Garches, dans les conditions nécessairement les plus simples et les
plus nécessairement émouvantes. Point de funérailles ; point de paroles
; mais sans doute d'autant plus de pensée recueillie et de sentiment
d'une perte extraordinaire chez tous ceux qui se trouvaient là. C'était
une trentaine de personnes, réunies dans un salon, autour du cercueil.
J'ai exprimé à Mme Bergson les condoléances de l'Académie, qu'elle m'a
chargé de remercier en son nom. Aussitôt après, on est venu prendre le
cercueil, et, sur le seuil de la maison, nous avons salué une dernière
fois le plus grand philosophe de notre temps.
Il était l'orgueil de notre Compagnie……Le sens de la vie,
depuis ses manifestations les plus simples et les plus humbles lui
paraissait essentiellement spirituel. Tout ceci nous permet d'imaginer
quel peut être l'état de cette vaste et profonde intelligence en
présence des évènements qui ont ruiné tant de belle prévision, et changé
si rapidement et si violemment la face des choses. A-t-il désespéré ?
A-t-il pu garder sa foi dans l'évolution de notre espèce vers une
condition de plus en plus relevée ? Je l'ignore, puisque, ignorant aussi
qu'il se trouvait à Paris depuis le mois de septembre, et n'y ayant
appris sa présence qu'au même instant que j'apprenais sa mort, je n'ai
pas été lui faire visite. Mais je ne doute point qu'il n'ait été
cruellement atteint jusqu'au fond de lui-même par le désastre total dont
nous subissons les effets.
Très haute, très pure, très supérieure figure de l'homme
pensant, et peut-être l'un des derniers hommes qui auront exclusivement,
profondément, et supérieurement pensé, dans une époque du monde où le
monde va pensant et méditant de moins en moins, où la civilisation
semble, de jour en jour, se réduire au souvenir et aux vestiges que nous
gardons de sa richesse multiforme et de sa production intellectuelle
libre et surabondante, cependant que la misère, les angoisses, les
contraintes de tout ordre dépriment ou découragent les entreprises de
l'esprit, Bergson semble déjà appartenir à un âge révolu, et son nom, le
dernier grand nom de l'histoire de l'intelligence européenne. »
Nous venons de voir Valéry se préoccuper de savoir si Bergson,
malgré le tragique des évènements, avait gardé sa foi en "l'évolution de
notre espèce vers une condition de plus en plus relevée ? ". Ce n'était,
certes pas, son cas, à lui, qui confiait à Jean Ballard, l'animateur, à
Marseille, des Cahiers du Sud, au plus sombre des heures de ténèbres :
« Je vois l'Europe, demain, comme une table rase et voudrais du moins,
quelque jour, écrire tout ce que je pense de notre abjecte espèce. »
(Paul Valéry Vivant, p. 245).
"Abjecte espèce", durus est hic sermo, est-il écrit dans l'Evangile
selon saint Jean (VI-61) ; oui, parole dure à entendre, prononcée dans
la détresse d'une situation perçue, à ce moment-là, comme désespérée.
Valéry, par ailleurs, commençait à se trouver dans un état de santé
déplorable : le 10 mai 1943, il fut pris, par exemple, en présence de
ses amis, le docteur Henri Mondor et Colette, d'un malaise, qui dénotait
une nette déperdition de ses forces vives, situation devenue
préoccupante.
Deux années, au long desquelles il va lutter avec courage face
à un destin au cours désormais scellé. En mai 44, il écrit à sa fille
Agathe : « Que de sottise ? Je veux écrire un traité de la bêtise des
Hommes ! Qui se portera bien. J'en ai depuis longtemps toutes les idées,
et nous en vivons les images et démonstrations… ».
En août 44, il eut cependant la consolation de voir arriver,
de la fenêtre de son appartement, les chars libérateurs entrant dans
Paris ; le 26, il assistera au défilé de l'arrivée du Général de Gaulle
(qui lui écrira bientôt "Merci de ça et de tout", ce dont Valéry se
montrait très fier), depuis le balcon du journal "Le Figaro", où, le 2
septembre, il publiera un article, intitulé RESPIRER : « L'idée que nous
sommes libres dilate l'avenir du moment ».
Le 27 octobre, au Théâtre-Français, dans la loge, auprès du
Général de Gaulle, qui l'y a invité, il chante, en même temps que la
foule, la Marseillaise.
A la fin de l'année 44, le 20 décembre, dans le grand
amphithéâtre de la Sorbonne, il a le courage, après celui de l'avoir
composé, de prononcer, à l'occasion du 250ème anniversaire de la
naissance du père de Candide, son grand Discours sur Voltaire (Pléiade,
o.c. I, 518-530).
Texte en quelque sorte dédié à la louange du "nombre restreint
d'individus auxquels nous devons de quoi penser, comme nous devons aux
laboureurs de quoi vivre".
La France a donné au monde des personnages de première
grandeur, Montaigne, Descartes, Pascal, Voltaire, qui nous ont laissé,
outre leur œuvre, un ensemble d'attitudes exemplaires dans la vie, qui
fait que nous ne pouvons penser à leur œuvre que nous ne pensions en
même temps à leur être, dit-il.
A cette cohorte d'individus significatifs, comme il les
appelle, nous devons joindre, et Bergson, et lui-même.
Le présent essai peut se situer dans le prolongement de ces
ultimes Discours - véritable testament - sur Bergson et Voltaire.
Novissima Verba !

Pour moi aussi, appartenant à la génération de ceux qui eurent
vingt ans en 44, comme pour Georges Perros (Lectures, le temps qu'il
fait 1981, p. 108) : « l'œuvre et la personne de Valéry représentaient
ce que l'intelligence aux prises avec les milliers d'hommes que cache un
homme, avait produit de plus relevé, de plus achevé, de plus juste. La
découverte de Mr Teste, des études sur Léonard de Vinci, du Cimetière
Marin, de la Jeune Parque, les marqua pour la vie. Je fis partie de ces
quelques-uns. Nous sentions que cette œuvre avait sauvé ce qui nous
importait le plus, et qui sombrait : une certaine manière de considérer
les choses du langage. Valéry nous proposait une solitude possible, et
un travail placé sous le signe de je ne sais plus quelle pureté, quel
mépris de l'opinion d'autrui. Il flattait en nous ce goût de
l'incognito, l'orgueil n'y trouvait à redire, et notre mémoire
s'enchantait de certaines phrases de la Soirée avec Mr Teste, à partir
desquelles nous nous ménagions une éthique assez commode. Nous étions
partis, nous aussi, pour tuer la marionnette, sans nous douter qu'elle
se tuait toute seule, nous demandant peu notre avis. Ce que nous savions
de l'étourdissante adolescence du poète, de sa conversation, de l'amitié
que Mallarmé lui vouait, les propos que rapportaient le Journal de Gide,
bref l'idée même qu'on s'en faisait… »
… c'est tout cela qui a rendu, en ce qui me concerne, malgré
ses idoles, ses limites, cet homme, à mes yeux, à tout jamais
incomparable.
Post-Scriptum