Tableau 7
Commodien de Gaza (III° siècle après J.C.)
Gaza,
ville qui depuis 30 ans et plus figure à la une de notre
actualité, qui nous détaille les horreurs dont cette
cité est le théâtre.. Or, son origine, qui plonge
ses racines dans la plus lointaine Antiquité, avait fait d'elle
en ces temps lointains , un symbole de la vie heureuse.
Située
à une lieue de la mer, elle offrait une vallée sorte
d'oasis au seuil du désert, apportant à ses habitants
ressources, fécondité, joie de vivre. Aussi, nombreux
étaient les syriens qui génération après
génération venaient s'installer à Gaza pour
profiter de cette manne.
Parmi eux au troisième siècle de notre ère, y figura un certain Commodien passé du paganisme à la foi chrétienne dans un contexte marqué par les perséutions du pouvoir romain à l'encontre des chrétiens.
Nouveau converti, Commodien en a le profil type aux limites de
l'intolérance. Par ailleurs, porté sur le devant de la
scène par un don de versification et une inspiration pleine de
vertu, il s'adonne au genre apologétique en tant que poète. Certes sa prosodie est loin de
respecter les normes héritées de Virgile et d'Ovide.
Visiblement le latin n'est pas sa langue maternelle et son discours en
cette langue est parasité par une maladresse venue de ce malaise
de quelqu'un qui use d'une langue en la maîtrisant mal.
Néanmoins
nous avons avec lui le premier poète chrétien, dans
l'ordre chronologique, que nous pouvons situer dans la
première moitié du III° siècle de notre
ère.
Et
qui ne manque pas de qualités, surtout quand il se laisse
emporter par son inspiration profonde commandée par une exigence
de salut en Jésus-Christ. C'est alors que Commodien atteint un
niveau d'excellence, qui fait penser à une pièce devenue
liturgique pour nous, le Dies Irae (III° siècle).
Nous trouvons, déjà, chez lui le solvet saeclum in favilla:
il voit le siècle se dissoudre dans les étincelles du
feu. Une vision qui ne manque pas d'allure et qui court dans ses
poèmes qu'il signe d'une acrostiche (cette figure
rhétorique dont seront, en français, virtuoses Villon et
Apollinaire).
C'est le poème ainsi désigné In die judicii
( au jour du jugement) qui exprime le mieux son souci constant, de
mettre devant les yeux de nos contemporains cet événement
dont il perçoit la proximité en constatant, comme le fait
Flaubert à la suite de Saint Polycarpe: "Quel tourment de vivre
en un tel siècle". Et de prophétiser que les suivants
seront pires encore: les Goths arriveront, ruineront tout, dit-il, et
c'est bien ce que nous voyons se dérouler à Gaza,
aujourd'hui, où tout n'est que bombardements, massacres: miroir
de la folie humaine!
Il
était temps que nous soit annoncée (avec 2016) une
année jubilaire de l'infinie miséricorde divine, annonce
que nous devons au pape François.