Tableau 4
Paul-Louis COURIER, 1772 - 10.IV.1825
Le
16 décembre 1815, il y a deux siècles
à ce jour, Paul Louis Courier finalisait auprès d'un
oratoire tourangeau l'achat du domaine de la Chavonnière, d'où
il serait à même de surveiller les terres, vignes et bois
dont au fil des ans précédents, il s'était rendu
propriétaire.
Ce
dernier achat survenait un an après son mariage avec la fille du
professeur Clavier, universitaire et académicien
réputé. Herminie Clavier, non jolie, mais fort bien
tournée, surtout d'esprit vif, était le type de la jeune
parisienne du temps, élevée dans un cadre de vie
dorée, mondain. Paul-Louis Courier venait d'entrer dans ses
quarante deux ans, elle en comptait dix-huit. Epris par tant de
jeunesse et de charme il n'eut de cesse de mettre à l'abris un
pareil trésor, au sein de la Chavonnière, lieu de leur
bonheur. Lui, y venait pour trouver loin de Paris, une paix bucolique,
il n'y trouva que de quotidiens tourments.
Très
vite sa jeune épouse se désespéra dans cette
campagne, en exil. Aidée d'un tapissier de Tours, elle
emménageât la seule pièce de la ferme, susceptible de
recevoir un décor conçu avec goût. Le
mari s'installa dans une chétive mansarde; c'est là qu'il
écrivit les pages, peut-être les plus pures de la
littérature du siècle: les fameux pamphles qui offrirent
jusqu'à ce jour, le modèle du genre, jamais
égalé.
En
1820 un garçon, Paul, vint apporter un climat d'embellie, d'une
brève durée. Auprès de sa femme l'époux
s'excusait: "Dieu m'a créé bourru, je dois vivre et
mourir bourru. Je suis vieux maintenant et je ne puis changer."
Demeuré
très amoureux d'Herminie, il lui écrivait de tendres
lettres, depuis la prison parisienne de Ste-Pélagie,
où il purgeait une peine pour le scandale causé par
son Simple Discours.
Durant
ce même temps à la Chavonnière, la trame des
évènements à venir se tissait déjà.
Madame Courier avait élu le consolateur: Pierre Dubois,
gaillard de vingt-huit ans à l'aura de séduction virile.
Le style de son mari appartenant à un autre ordre, ne pouvait
l'emporter sur un tel rival. Les relations s'envenimaient jusqu'au jour
d'avril 1825, où le maître étant sorti pour faire
le tour de ses bois, on ne le vit pas de retour à l'heure du
repas, lui qui faisait régner sur ce point une parfaite
exactitude. Les inquiétudes grandirent au fur et à mesure
que passaient les heures; à onze heures de la nuit commençaient
les recherches qui aboutirent le lendemain au milieu de la
matinée, quant, un des chercheurs, au coin du bois de la
forêt de Lançay, découvrit le cadavre baignant
encore dans son sang.
On
ramena le corps à la maison, où le petit Paul, maintenant
âgé de cinq ans, répétait de sa voix
naïve, "Papa a été pris pour un corbeau on l'a
tué".
Le procès devait durer un temps interminable. Dans le cimetière de Veretz est la tombe dela victime.
"Offrons lui l'obole de notre Pietas" dirait l'empereur stoïcien Marc-Aurèle.