Tableau 2
Cardinal de Bernis
1715-1794
Le 15 octobre 2015 s'ouvre à Rome un colloque
destiné à saluer la mémoire du
Cardinal de Bernis, ambassadeur de France auprès des
états pontificaux, surnommé par le peuple "Il re
di Roma " tant était grande sa popularité sur les
bords du Tibre.
De
Bernis est né le 22 mai 1715 à Saint
Martin d'Ardèche au sein du manoir familial, et le
tricentenaire de sa naissance a fourni l'occasion de cette heureuse
commémoration romaine.
A
la date anniversaire de sa mort, en 1994, devant mes
collègues de l'Académie de Marseille , dont
Bernis fut , au cours de sa carrière, un protecteur avisé,
j'avais évoqué la figure de ce prélat,
hommes des lumières (texte publié dans les Mémoires de
l'Académie -1994,9 137-140).
En
l'an 2000, deux biographies lui furent consacrées quasi
simultanément, l'une due à Jean Marie Rouart de
l'Académie Française , Bernis le Cardinal des
plaisirs ( Gallimard); l'autre signée de Jean
Paul Desprat, Le
cardinal de Bernis 1715-1794, (Perrin). La
première fait appel , avec brio, à tous les
éléments qui ont fait de Bernis une figure
légendaire; la seconde, au contraire, avec grand
mérite, s'attache à mettre en relief les
qualités du diplomate, homme de gouvernement, en particulier
à partir de 1756, lors de son accès aux
marches du pouvoir , ministre d'Etat en 1757, nommé aux
Affaires Etrangères en juin de la même
année, revêtu de la pourpre cardinalice le 12
octobre 1758. Un ennemi du roi de Prusse Frédéric
II dit de lui: "
ses vues se tournèrent toutes du
côté de la paix", bel hommage rendu, dans sa
brièveté à notre héros.
Devenu
ambassadeur et romain, seigneurial il le fût, uniquement
soucieux de donner de la France une image éclatante, en un
lieu de rayonnement universel, "carrefour du monde" comme il
aimait dire.
Fastueux
par tout lui-même, ayant mené une existence
légère et brillante, à la Fragonard,
il eut à subir l'exil du temps de la Révolution
et à éprouver, dans la solitude, la souffrance de
voir ses amis disparaître, guillotinés,
à commencer par le couple royal.
Le
chagrin qu'il en conçut , le conduisit aux portes
de la mort, survenue à Rome le 2 novembre 1794, au premier
anniversaire de la décapitation de la reine Marie-Antoinette
qu'il avait tant aimée.
Aujourd'hui,
il me semble que c'est lui qui nous adresse l'appel lancé
par le poète Guillaume Apollinaire:
"
Hommes de l'avenir souvenez-vous de moi,
je vivais à
l'époque où finissaient les rois"
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