Paul Amargier

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Tableau  25


Rilke vu par Lou Andréas-Salomé

On connait  d'Orphée sa longue recherche de son Eurydice. Pour Rilke il en va de même, qui poursuit un fantôme de la femme à travers ses nombreuses amitiés féminines qui l'ont accompagné tout au long de sa vie. Sur ma table se trouve une pile de sept ouvrages qui contiennent le recueil de correspondances entretenues fidèlement au rythme le plus assidu.

Il ne peut être question de faire le tour de cette "pléiade" (Mallarmé dirait "le parfait septuor!"!). Il me fallait donc choisir et j'ai opté pour suivre les pas de la première de ces confidentes: Lou Andréas-Salomé, fille d'un général de l'armée russe,  elle demeure célèbre par sa rare intelligence, sa splendide beauté, son charme envoûtant. Elle fut l'amie de Nietzsche puis de RiLou Andréas Salomélke, la disciple de Freud ce qui la conduisit à devenir psychanalyste à Göttingen. 
Sa première rencontre avec Rielke date de 1897. 
Leur correspondance fleuve  est publiée en Allemagne.

C'est elle qui à mon sens a le mieux compris le génie de son ami poète et respecté sa vocation.
L'essai qu'elle lui a consacré a été traduit en langue française  et publié aux éditions Maren Selll (Rue Dauphine, Paris). 
Dans cet ouvrage dont l'auteur commença la rédaction quatre ou cinq ans après la disparition de Rilke (survenue le 29 décembre1926), elle se réfère à ses souvenirs, mais surtout au texte des lettres innombrables qu'il lui a adressé et qui lui sont un guide pour ses commentaires (toujours soigneusement datés)..

Mieux que quiconque elle était à même de découvrir les clés qui permettent d'avoir accès au cœur de cet univers rilkien dont  il est créateur, et qu'on peut considérer comme un original cosmos de l'âme.

En compagnie de son mari, avec la compagnie amicale de Rilke, ils  allèrent ensemble découvrir dans les toutes dernières années du XIX° siècle, la Russie. Découverte que, pour Rilke on peut qualifier de conversion illuminatrice, un de ces chocs intérieurs qui, telle une flèche de feu (sagitta ignea) marquent le reste de vos jours. Ce qui l'avait conquis au cours de ce périple initiatique, c'était, grâce au contraste humain, l'impression d'avoir cotoyé une humanité différente, porteuse d'un message de comportement intérieur qui marquera désormais son propre génie.

On en trouve bien plus tard un écho dans une lettre à Lou: "Oh si j'avais des jours de labeur, Lou, si la loge la plus secrète de mon cœur pouvait être un atelier, une cellule, un refuge pour moi, si tout ce que j'ai de monacal en moi pouvait devenir fondateur de couvent, pour mon, travail et pour ma prière. Si je pouvais ne rien perdre et tout disposer autour de moi selon le lien de parenté et l'importance. Si je pouvais ressusciter, Lou, dispersé que je suis, comme un mort dans une vieille tombe. Alors j'aurais une tâche si infinie, que tous les jours de labeur  vaudraient, et mon travail réussirait toujours parce qu'il  partirait de petites choses réalisables tout en étant dès le départ dans le vaste."

Il savait qu'il ne pouvait amputer sa vie des destins qui n'ont fait qu'un avec elle...
me souffle un Ange.