Tableau 1
Jean Claude Pirotte
Il y a un an , le 24 mai 2014, le Fatum mettait un terme à la cavale de Jean Claude Pirotte né à Namur en octobre 1939.
Avocat
belge obligé, à la suite de pénibles
circonstances, d'opter pour la clandestinité, c'est à une
existence d'exil vouée à l'errance qu'il dut de
vivre sa vocation d'écrivain.
Pour
ce "sinistré de l'âme" - le mot est d'Henri Calet-
écrire ne relevait pas d'un art du divertissement, mais de
l'impératif besoin d'exprimer son effroi face à la
difficulté d'être. Lui-même a donné le profil
de son âme dans le recueil Autres Arpents ( La table ronde, p25-30).
Au
gré de ses itinéraires imprévus il eut à
découvrir la Bourgogne, le coeur de cette province ducale qui
bat à Vézelay, Cluny et plus encore qu'ailleurs dans le
cloître des abbayes de Citaux et Clairvaux.
Occasion pour nous de noter le centenaire de cette dernière
fondée en juin 1115, avec à sa tête un jeune
abbé de 25 ans, Bernard, figure de légende de l'histoire.
Dans trois pages de son texte Pirotte dit la fascination exercée
sur lui par cette aventure d'un esprit souverain de chevalerie et de
sainteté. Grâce à Etienne Gilson nous savons que
les moines venus à Citaux renonçaient à tout sauf
à l'art de bien bâtir et à celui de bien
écrire.
Pirotte
ajouterait: " et de bien boire". Car si Fontenay et
Parey-le-Monial proclament la gloire architecturale de l'ordre
cistercien, les granges appelées Clos-Vougeot et Meursault disent
aussi une semblable excellence.
Pirotte
tout le long de sa vie a traversé les brumes de l'existence, il
nous confie (p.30): "Au cœur le plus intime de l'abandon, j'ignore
quelle voix sourde ressasse en moi la conjugaison fatale des fins
dernières. Et je tends désespérément l'oreille
afin de retenir l'écho du Salve Regina".
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Le 15 septembre MMXV en la fête de N.D. des sept douleurs