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Tableau  13


Pascal Quignard né en 1946

Pascal Quignard vient d'ajouter un titre à la liste de ses œuvres, ouvrage édité par la maison Grasset intitulé Les larmes. Rassurons le lecteur, il s'agit de "larmes de joie", en marge d'un éloge consacré à la gloire de la langue française.

D'ailleurs, l'auteur connut une enfance, au Havre, particulièrement heureuse, entre les livres, la mer et la musique pratiquée festivement par ses frères et sa 
sœur.
Son grand père maternel, Charles Bruneau est l'auteur de la classique Histoire de la langue française. Son oncle, Jean Bruneau est le parfait édieur critique de la Correspondance de Flaubert ( 5 tomes dans la Pleiade). Ainsi marqué par un tel atavisme il était destiné à rejoindre l'équipe de Gallimard, dès l'âge de 21 ans, comme lecteur de romans. Romancier lui-même, il obtiendra en 2002 le Prix Goncourt.
Pascal Quignard
C'est  l'histoire littéraire par le  biais de l'érudition classique qui lui offre le cadre de ses premières œuvres, que l'éditeur Meaght réunira en un coffret précieux de huit tomes sous le titre de Petits traités.

Là se trouve évoquée la mémoire de Syagrius, essai paru dans la revue L'infini (n°30), méditation littéraire autour d'un texte de Grégoire de Tours dans son Histoire des Francs, qui narre cet épisode des temps mérovingiens.
Nous sommes autour de 498, date à laquelle Clovis, porté par ses précédents succès, songe à élargir son territoire Tournaisien, en attaquant le roi Syagus réfugié au sein de son palais de Soisson. Une fois vaincu et fait prisonnier, Clovis confie son otage à la garde du wisigoth Alaric, qui in partibus tolosanis, accepte de veiller sur son sort, et, lorsque Clovis, pour plus de sûreté, lui demande de liquider Syagrius, Alaric, par ses sicaires, le fait exécuter.
C'est au fil de ce récit que le chroniqueur, 
évêque de Tours, Grégoire a cette phrase qui a fixé l'attention de Pascal Quignard: "quaesivit - cum mariebatur- ubi essent umbre?" Syagrius, alors qu'il était sur le point de mourir, demanda où étaient les ombres?

La question même que nous nous posons en ce mois de novembre, voué par la liturgie au culte de nos morts.

Dans l'imaginaire de ce païen qu'était Syagrius, elles devaient  apparaître  les ombres dans leur errance, sur les rives de l'Achéron, descendant aux Enfers, traversant les ténèbres de l'Erèbe en se dirigeant vers les Champs Elyséens lieu de leur béatitude.
Nous, chrétiens, nous avons appris de l'enseignement de Jésus qui, dans le Sermon sur la Montagne (Matth-5,1-13), nous a laissé la Carta Magna de la Béatitude évangélique: "Bienheureux les doux, les artisans de la paix, le royaume des cieux leur appartient".
Les méandres de la méditation de Pascal Quignard  nous permet d'appréhender quelque chose de ce que , dans sa Vie de Rancé, Chateaubiand appelle "l'admirable tremblement du temps".

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N.B. On lira avec profit, le recueil d'essais de P. Quignard paru en 1995 chez Calmann-Lévy sous le titre Rhétorique Spéculative,  en particulier la présentation de l'
œuvre de Nicolas de Cuse.