Paul Amargier

Billets Décembre 2006    En marge du jansénisme 2

 

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Décembre 2006

Billet en marge du jansénisme (2)

Dans le droit fil des réflexions du mois dernier relatives aux traces laissées, au long du XIX° siècle, par le jansénisme sur bien des esprits -j'évoquais Royer Collard, Vigny et Renouvier- il faut aussi rappeler la figure de Lamennais, tellement de traits, chez lui, font penser aux profils laissés par les solitaires de Port Royal.

Sur la route qui conduit de Rennes à Saint-Malo, sur le territoire du bourg de Saint-Pierre-de-Plesguen, à la lisière de la forêt de Coëtquen, se trouve situé le manoir de La Chesnaie, où les frères Lamennais vécurent adolescents.

Chez l'un et chez l'autre, tant chez l'aîné, l'abbé Jean-Marie (1780 - 1860) fondateur des "Frères de l'instruction chrétienne de Ploermel", que chez Féli (1782 -1854), le plus célèbre, on trouve l'influence héritée de Port Royal.

Très spécialement à La Chesnaie, quand vinrent autour du maître se grouper les disciples, Montalembert, Gerbet, Lacordaire, Maurice de Guérin, pour ne citer que les plus connus, l'on vit revivre à l'identique le modèle laissé par les solitaires de la Vallée de Chevreuse.

C'est après la publication des Paroles d'un croyant (1834), que Liszt projeta, en compagnie de Sainte-Beuve, d'aller à La Chesnaie. C'est là qu'il séjourna, en définitive seul, évoquant, dans ses lettres, la conversation de Lamennais, parlant d'abondance en marchant très vite..."il a déjà choisi son tombeau ,note-t-il, sous un des rochers de l'étang. Nous nous y asseyons quelquefois causant de Dieu et des douleurs de l'humanité".

A travers les lignes de Liszt, poursuit José Cabanis (Pour Sainte-Beuve,p.65) on devine  l'ironie amère des propos de Lamennais touchant la politique. Mais, quand il s'élève assure le musicien, alors, sur le Christ, ses pensées deviennent touchantes, toujours marquées au coin " du sacrifice des autres et par l'acceptation volontaire de l'opprobre, du mépris, de la misère et de la mort". D'ailleurs, Féli ne confiait-il pas à son interlocuteur qu'il aimait le soir "car c'est le soir que sortent les rêves de la tombe pour consoler ceux qui n'on plus rien à espérer de la vie".

 

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