octobre 2013
A.
Chénier
Le 25 juillet dernier je trouvais ma pensée toute
entière requise par le souvenir d'André
Chénier, ce poète exécuté
à la fleur de l'âge, en 1794 (7 thermidor an II:
25 juillet). C'était deux jours avant la chute de
Robespierre...
"Pleurez,
doux alcyons, ô vous oiseaux sacrés, oiseaux chers
à Thétis, doux alcyons pleurez". Et nous avec.
Chénier
appartient à la phalange poétique de premier
rang. Son génie risque d'occulter l'excellence de sa pros
e,
lui qui n'hésitait pas à revendiquer pour son
style "d'atteindre à la savoureuse et succulente
beauté d'un Salluste".
Dans
ses écrits politiques nous le voyons revenir
fréquemment au rôle, selon lui, dévolu
à la recta
ratio au sein de l'action civique. Nos propos du mois
dernier.
Il n'est que de se référer au texte paru sous sa signature dans le n°13 du Journal de la Société de 1789, sorti des presses en date du 24 août 1790 sous le titre: "Avis aux Français" dont voici un paragraphe:
"Rien
ne presse un Etat que l'innovation; le changement donne leur forme
à l'injustice et à la tyrannie. Quand quelque
pièce se démanche, on peut l'étayer; on peut
s'opposer à ce que l'altération et corruption naturelle
à toutes choses ne nous éloigne pas trop de nos
commencements et principes; mais d'entreprendre de refondre une si
grande masse et de changer les fondements d'un si grand bâtiment,
c'est à faire à ceux qui, pour décrasser,
effacent, qui veulent amender les défauts particuliers par une
confusion universelle, et guérir les maladies par la
mort"ç
Il
est certain qu'aux yeux d'un Robespierre, la lecture d'une telle prose
ne pouvait que désigner son auteur pour l'ultime supplice, qu'il
devait donc subir quatre ans plus tard, le 25 juillet 94.
Ô idéologie, que de crimes l'on commet en ton nom?
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