Paul Amargier

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Octobre 2008

Avec Cendrars: la crise

"La crise on en parle et on en parle. Dans le monde entier. Chômage, marasme des affaires, booms et krachs. Scandales retentissants. Finances, politique, révolution, rien n'est stable, tout s'écroule. La vie n'est plus statique. Son dynamisme nous emporte. Avec ses actualités sensationnelles, la vie n'est plus un songe, mais bien un film extravagant qui nous arrache brutalement à nos habitudes , nous secoue et nous violente, et qui nous force à prendre parti, à participer à son action démesurée, démente..."

On pourrait croire ces lignes extraites de l'article dû à l'un des chroniqueurs d'aujourd'hui qui, semaine après semaine, dans nos hebdomadaires, commentent l'actualité. Or il n'en est rien, puisque ce paragraphe, dû à Blaise Cendras ouvre son reportage du "Panorama de la pègre" intitulé Champs-Elysées 1935.

Avec ses dons de véritable visionnaire, Cendrars préludait ainsi à un temps de crise, qui, nous le constatons à ce jour, s'inscrit dans" la longue durée", chère à l'historien Fernand Braudel.

Ce don de double vue ce même Cendrars, l'exerçait déjà, lorsqu'en avril 1912 il publiait un poème en prose à la louange du du peintre Marc Chagall, auquel la ville de Nice  vient de consacrer une exposition: Chagall, un peintre à la fenêtre.

Voici le début de son texte:

 "l'Homme est seul bien seul. Dès sa naissance il est tombé dans un baquet. Il pleut, cette nuit. Il fait noir.

J'entends dans le silence comme des pas lourds dans les flaques d'eau, ce sont les pas de mammouth des nuages qui bougent au ciel. Mais y a-t-il encore un ciel? Je touche partout au coeur défoncé de l'Homme, ce coeur noir, défoncé, broyé par les pas lourds des peines et qui pleure.

Il pleure du sang..."

Nous sommes en 1912, à la veille de l'effroyable tuerie, à propos de laquelle on ne peut que reprendre la forte image de l'abbé Mugnier, dans son Journal à la date du 31 mars 1918, quand les anges n'en finissaient pas de remonter au ciel avec du sang sur les ailes.

 

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