Avec Paul Valery : rencontres et propos
novembre 2007
Qu'est ce que la littérature?
Qu'est ce que écrire? une maladie, une folie, un délire - sans compter une prétention! Un homme sain, à l'esprit sain, solidement posé, solide dans la vie, n'écrit pas, ne penserait même pas à écrire...
Autant pour moi, me suis-je dit en lisant ces lignes. Elle sont de Paul Léautaud dans son journal, en date du 11 février 1946. Il est vrai qu'un peu plus loin, le 8 août de la même année, étant abordé, Place Médicis, par un jeune homme sans chapeau, le col de chemise large ouvert,qui lui demande s'il est bien Paul Léautaud et qui sur sa réponse se nomme: René de Solier, ami de Jean Paulhan; Après avoir échangé des propos relatifs à l'actualité, la conversation, note Léautaud, est revenu à la littérature.
Difficile donc d'y échapper. Et en ce mois de rentrée littéraire, à la veille de l'annuelle distribution des prix, plus que jamais.
Des esprits chagrins se lamentent de se trouver dans un désert des lettres. Or cette rentrée éditoriale annonce la publication de 727 titres, dont 493 d'auteurs français, parmi lesquels 102 premiers romans. ce qui me paraît plus significatif encore, c'est de voir 90 maisons d'édition oser affronter les risques du marché. La production littéraire de cette année , par rapport à l'exercice 2006, est en augmentation de 9%.
A propos de prix on ne cesse de parler de "magouilles". Le Goncourt 2006 ("Les bienveillantes" de Jonathan Littell) s'est vendu à 400 000 exemplaires sous le label Gallimard. Cette année dans la liste des huit ouvrages retenus en définitive par les jurés de Drouant, ne figura pas un seul titre appartenant à l'écurie gallimard. Il est vrai que le succès étonnant , rencontré en dehors de toute référence au prix, par "L'élégance du hérisson" de Muriel Barbery - atteignant aujourd'hui les 600 000 - constituera pour cette même maison une substantielle consolation.
N'en déplaise à l'atrabilaire Léautaud, la littérature se porte donc comme un charme. De plus nous n'oublierons pas la remarque si juste de Marc Fumaroli, dans la "Diplomatie de l'esprit": "Il existe une fonction vitale de la littérature dans la continuité d'une nation." Ce qui est une autre histoire
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