mars 2014
Crimée
L'actualité nous oblige à porter notre regard du
côté de Kiev et Sébastopol. Ces régions qui
entrent, me semble-t-il, dans notre histoire européenne
lorsque, à l'invitation du prince Potemkine, Catherine II en
janvier 1787, prit la route du sud pour s'en aller visiter les
contrées récemment conquises en Crimée.
Quatorze
gigantesques voitures tractées chacune par un attelage de dix
chevaux , composaient le train de l'impératrice,
accompagnées de cent soixante-quatre traineaux destinés
aux bagages et à la domesticité.
Parvenus
à Kiev les voyageurs durent attendre l'heure du dégel
afin de pouvoir embarquer sur le Borysthène, les galères
se substituant alors aux voitures.
La
suite du voyage fut "féérique" ainsi que nous l'atteste
le prince de Ligne, qui nous en a laissé la chronique.
Il
s'agit de 9 lettres par lui destinées à son amie la
marquise de Coigny - celle que sa rivale, Marie-Antoinette appelait "
la reine de Paris"- un chef d'œuvre
à nul autre pareil ( publié aux excellentes
éditions Desjonquères, présentation de J.P.
Guicciardi - 1986).
On
y voit l'impératrice de toutes les Russies distribuer à
pleines mains, aux populations ébahies, l'or et les perles. Avec
auprès d'elle, nous dit Ségur, Potemkine "extraordinaire
en tout et toujours".
A ce jour on est passé de Potemkine à Poutine avec le rêve d'une grande Russie toujours aussi vivace.
Entre-temps,
en 1855, un autre empereur, Napoléon III, en ces mêmes
lieux, après la bataille de Traktir et la prise de
Malakoff (i8juin) contraignit les russes à abandonner
Sébastopol. Ils y reviendront!
Conflit
qui marque selon moi le début des grandes atrocités
guerrières modernes. En être le spectateur, conduira, le
témoin que fut Henri Dunan à inventer la Croix Rouge.