Paul Amargier

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mars 2011

Erudit

Dans son ouvrage Festival de Saint-Victor de A à Z notre amie, Geneviève Deltort, si regrettée, m'adresse, entre une soprano et un violoniste, un signal amical, me cataloguant "d'érudit". Puissè-je avoir été un probe érudit!

Aujourd'hui il s'agit d'une espèce en voie de disparition. Où peut-on trouver des spécialistes aptes à œuvrer pour une meilleure connaissance historique de leur région, sinon en puisant dans le vivier des sociétés savantes? Seuls, en effet, parce qu'ils se trouvent proches du terrain, les historiens locaux peuvent mieux interpréter les textes; ils connaissent le sens des expressions familières aux gens du coin, la configuration des lieux, la signification de telle coutume, le détaEtal d'un bouquinisteil qui apportera la solution à une question controversée.

Ainsi à Marseille , nous sommes quelques uns à nous souvenir qu'en 1877 un spécialiste incontesté de la peinture flamande, Alfred  Michiels, publiait dans la Revue de France une étude attribuant à un peintre de l'école flamande la paternité du fameux triptyque d'Aix en Provence , le Buisson ardent.

En même temps que sortait des presses le texte de son article, l'archiviste marseillais Louis Blancard, de son côté, faisait connaître au public le relevé des comptes du Roi René prouvant que l'auteur de cette oeuvre était Nicolas Froment. La cause était entendue. Grâce à qui?...

Il y a de cela un siècle, André Hallays, dans sa série En flânant, publiée chez Perrin, signait un volume consacré à la Provence, où il évoque les charmes de l'érudition provinciale. En marge de la famille des Valbelle Le Tourves, il y brosse le portrait de l'érudit dracénois, Octave Teissier.

Plus que quatre fois provençal, ce bibliothécaire et archiviste qui vivait entouré de livres  et d'estampes, toujours souriant, réservait le meilleur accueil à tous ceux qui venaient frapper à sa porte, prompt à étaler, sous le regard admiratif du visiteur ses trésors. Et comme il venait de passer les 80 printemps -cum memoria sana- on pouvait assister à un défilé d'anecdotes et souvenirs, tous plus pittoresques les uns que les autres. Propos savoureux qu'Octave Teissier distillait en feuilletant un manuscrit rare, à l'exquise reliure. C'était le cas d'une œuvre chérie à son cœur , le Livre de Raison du vieux marquis de Valbelle, où ce dernier entend prouver le bien fondé du  dicton provençal qui veut que ce soit les femmes qui font et défont les maisons: es li femo que fan e desfan lis oustau!

Illustration: Vers 1900, à Rouen, Rue Thiers, M. de Beaurepaire compulse, à l'étal du bouquiniste. Croquis de Paul Amargier d'après photographie.


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