Avec Paul Valery : rencontres et propos
Mai 2012
J.J. Rousseau (1712)
Sur la liste des écrivains de langue française les mieux vendus depuis 2004, figurent en tête Maupassant, suivi de près par Molière puis se succèdent Hugo, Saint Ex, suivis de Voltaire, Balzac, J. Verne etc., la liste s'achevant sur Racine et Simenon, aux rangs de dix-neuvième et vingtième de la classe.
A consulter ce palmarès ont peut constater que n'y figurent point, tant Chateaubriand que J.J.Rousseau et Stendhal, or c'est à ces deux derniers que j'ai choisi ce mois-ci d'adresser un salut, puisque 2012 marque le tricentenaire de la naissance du citoyen de Genève. Il s'agit bien sûr de J.J. Rousseau.
Le côté, chez lui, citoyen de Genève ne m'interesse guère. En revanche, le promeneur des Rêveries m'enchante.
Dans mon remerciement à L'Académie de Marseille, qui m'accueillait le 4 juin 1987, je tins à évoquer les jours de mon collège, en 1941, quand, blotti dans un coin du parc du château d'Assas au Vigan, je dévorais le texte de ces Rêveries, tandis qu'à travers les branches des arbres je voyais glisser, au dessus de moi, les beaux nuages errants dans le ciel cévenol.
Quand H.B.( alias Henri Beyle ou plus tard Stendhal), en 1800, pour la première fois prend la route vers l'Italie via Genève -il a 17 ans- son premier soin, lors de l'étape helvétique, est d'aller visiter la maison natale de J.J. Rousseau. C'est qu'alors le citoyen de Genève est son idole. Dans les lettres à sa sœur Pauline, datées de ces années d'apprentissage, il ne cesse de lui recommander la lecture des œuvres de Rousseau.
Pour lui tout commence avec Rousseau; il écrira:" Voilà l'histoire de ma vie, mes romans étaient les œuvres de Rousseau (Filosofia nova, édit. du Divan, I,84).
Il se trouve qu'au fur et à mesure de décennies, H.B. se déprendra de l'influence rousseauiste, tournant le dos à l'auteur du Contrat social , idole renversée, en venant même, à en croire Paul Arbelet, à la détester plus que tout autre écrivain mal-aimé. Violence particulière, fort significative.
Rousseau Beyle, il nous restera toujours la ressource de les accompagner l'un et l'autre, aussi bien le promeneur solitaire dans ses Rêveries, que H.B. et ses confidences sur la vie de Henry Brulard. Comme disait Pascal Pia: 'Henry Brulard c'est de première bourre".
Illustration Paul Amargier: JJ Rousseau d'après un dessin de Gryph , Musée Carnavalet