Avec Paul Valery : rencontres et propos
Mai 2011
Arles
"Parmi les plaisirs les plus vifs que je prends à mon métier, confessait un jour Georges Duby, il y a celui de palper ces débris, de déchiffrer, d'épeler des mots, de recoudre des lambeaux de discours. J'ai subi l'envoûtement des archives : se retirer dans une chambre sombre; établi parmi des liasses, secouer de vieilles poussières, délier des nœuds depuis des siècles serrés, laisser s'éparpiller les feuilles et puis attendre que le souvenir éclose ... dans le silence et cette odeur: le parfum même du passé..."
Ce même frémissement jubilatoire on l'éprouvait au spectacle offert par l'émission "Des racines et des ailes" le mercredi 30 mars, quand sous nos yeux les archéologues découvraient des trésors oubliés jusque là aux eaux du Rhône arlésien.
Devant un tel amas de débris ainsi accumulés, se
pose une question à l'historien, que j'étais au siècle passé: Pourquoi là et quand?
Il faut pour y répondre, se tourner vers une décision historique qui peut, à mon avis, fournir l'explication.
L'empereur romain Honorius, fils de Théodore, héritier de la partie occidentale de l'empire, né le 3 septembre 384 ( demi frère de Galla Placidia) exerça le pouvoir de janvier 393, à sa mort survenue à Ravenne à la mi-août 423. Au début de son règne, il gouverna sous la tutelle d'un mentor, Stilicon. Ce dernier lui suggéra d'adopter vis à vis du paganisme une attitude coercitive. Honorius promulga donc, le 15 novembre 407, une loi confisquant au profit de l'état tous les temples païens, ordonnant de détruire les autels et les statues des divinités païennes. Un an plus tard (14 nov. 408) il décréta l'exclusion du service public des citoyens qui n'appartenaient pas au culte catholique.
Il est certain qu'en Provence cette prise de position entraîna de la part de l'opinion publique un mouvement d'adhésion.; de là les amas de fragments des monuments détruits, découverts tant à Fréjus qu'à Vaison ou Orange. A Arles il en alla de même, dans cette cité surnommée à juste titre, au lendemain de l'an Mil , la secunda Roma