Mai 2007
Taine et le déclin français
"...On apprend beaucoup du
passé. Hélas, peu de gens l'étudient. Les mêmes erreurs continuent donc
sans cesse..."
Clint Easwood,
interview du 11.03.2007, Cahiers du cinéma, n° 620, p. 36
Aujourd'hui, on peut me
semble-t-il, parler de consensus en ce qui concerne le diagnostic fondé
par les spécialistes sur le déclin du pays. Ces spécialistes français, au
pessimisme sans faille, ont un ancêtre dans la personne de Taine.
Le grand historien, dans ses "origines de la France
contemporaine" (1876-96), apparaît semblable au Dr. Knock. Pour lui, la
santé n'aurait jamais été sur le visage de la France qu'un état passager,
qui ne pouvait rien présager de bon. Tous les régimes successifs,
monarchique, impérial, républicain, ne furent rien d'autre à ses yeux, que
les agents d'une fatale, inéluctable, décomposition. Celle même que
dénoncent les augures d'aujourd'hui; de telle sorte que, nous retournant
vers les leçons offertes par M.Taine, nous ne pouvons que trouver, chez
lui, une consolation, en constatant, grâce à son oeuvre,que tout est allé
toujours très mal, qu'il n'y a donc pas à sombrer dans un irrémédiable
désespoir. Ca ne peut un jour ou l'autre, que finir par aller mieux.
A considérer l'effort de l'auteur des "Origines", il
me semble que l'idée, peut-être point tout à fait consciente, qui
sous-tend son entreprise - plus un rêve qu'une idée consciente - consiste
à substituer un système d'essence théocratique, qui fut celui de l'Ancien
Régime, ou système que l'on pourrait qualifier de "savanto-cratique", où
le pouvoir serait délégué à une caste de savants, en l'ocurrence, dans les
années 1870-90, Taine, Renan, Berthelot, qui, avec leur Credo en "l'avenir
de la science", furent alors, d'un tel système, les théoriciens.
A la décharge de Taine, nous lui saurons gré d'avoir
su montrer que les doctrines politiques relèvent plus que de
l'intelligence proprement dite, d'un certain type de sensibilité.

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