Paul Amargier

Billet juin 2010

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juin 2010

Marguerite Porete - 1° juin 1310

Freud qui venait d'avoir 83 ans répondait à la Princesse Marie Bonaparte: "un homme de 80 ans, n'est pas un sujet de conversation".

A 86 ans alors! Transeamus, passons... et retrouvons celle à qui je consacrais deux lignes trop brèves en post-scriptum du billet de l'autre mois sur le Temple: Marguerite Porete.

C'est à une remarquable historienne italienne (Mlle R. Guarnieri) que nous devons la redécouverte du traité de M. Porete: "Le miroir des simples ames anéanties".

Dans un  article paru dans L'osservatore romano  en date du 16 juin 1946, la chercheuse italienne proposait de rendre cet ouvrage à son auteur, M.Porete. Originaire de Valenciennes, cette dernière appartient au courant dit du béguinisme. Dans cet ouvrage, elle avance  des thèses que l'on retrouvera plus tard aussi bien dans la doctrine de S.Jean-de-la-Croix que dans le qu ietisme fénelonien. 

Au lendemain du pontificat de Boniface VIII et à la veille de celui du pape avignonnais Jean XXII, il ne faisait pas bon tenir de tels propos. Le concile de Vienne (France), en 1311, se montrera particulièrement agressif "à l'égard de certaines femmes" ( de quibusdam mulieribus), au nombre desquelles on peut compter Marguerite Porete, Hadewijch, ou encore la sainte marseillaise Douceline (  +1° septembre 1274).

Dès 1306, l'évèque de Cambrai, Philippe de Marigny, avait fait brûler en place publique, à Valenciennes, "le miroir", avec l'interdiction de le diffuser. Où l'on peut vérifier la justesse de l'adage qui dit que là où l'on brûle les livres, on brûlera ensuite les êtres humains.

C'est ce qui se produira à Paris  en 1310 ,lorsque 21 docteurs en Sorbonne jugeront et condamneront Marguerite Porete à être brûlée vive comme hérétique et  relapse, ce qui fut accompli le 1° juin 1310, en Place de Grève; sa cause ayant été conjointe à celle d'un béguin courageux, qui s'était érigé en défenseur de l'accusée. La réaction de l'opinion publique, fort commotionnée, fut unanime: " nous venons de brûler une sainte". Oui, une martyre de la liberté de conscience.

 

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