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Billets Janvier 2007    En mémoire de Rilke

 

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Janvier 2007

En mémoire de Rilke

Le dimanche 2 janvier 1927, par un froid glacial, on portait vers l'église de la Rarogne, la dépouille du poète Rainer Maria Rilke mort le mercredi 29 décembre 1926 au matin,  d'une leucémie à l'âge de 51 ans (il était né à Prague le 4 décembre1875).

Une cohorte d'amis venus de Suisse, d'Allemagne, de France, l'accompagnaient en même temps que les paysans des villages environnants, revêtus de leurs habits de fête. Durant la cérémonie dans la modeste église rurale, la violoniste Alma Moodie joua du Bach , puis dans une fosse creusée au flanc de l'édifice, en un endroit solitaire balayé par le vent du Valais, on descendit le cercueil du poète. Une plaque provenant du cimetière de Longchamp - qu'il avait fait préparer à cet effet - porte ces vers choisis par lu, en langue allemande, dont voici la traduction due à J.F. Angelloz: " Rose, oh! pure contradiction, joie de n'être le sommeil de personne sous tant de paupières."

Ainsi celui qui paraissait, par son oeuvre et dans sa vie, avoir apprivoisé la mort, venait d'être visité par elle...

80 ans après l'événement, la présence de celui qui nous a laissé les Cahiers de Malte Laurids Bridge, les Élégies de Duino, les Sonnets à Orphée, les Correspondances, ne cesse d'être au fur et à mesure que défilent les décennies, plus que jamais proche de nous: Oui, Rilke vivant!

Peut-être parce que de lui, plus que d'aucun autre, nous avons appris que les vrais formes de la vie s'étendent à travers les domaines du visible et de l'invisible, que tout ce qui relève des horizons de la prière, de la poésie, de la ferveur, ne peut que s'ajouter à la grâce de l'Invisible.

Rilke est quelqu'un pour qui la vie intérieure à toujours existé. Dans cette détermination s'enracine la conception du Weltinnenraum, mot forgé par lui pour désigner l'espace unique où toute séparation se trouve désormais abolie.

L'ange est à ces yeux, la créature idéale qui se trouve située en ce point où s'effectue la transposition du visible dans l'invisible , à laquelle péniblement, nous nous évertuons. L'ange se porte en quelque sorte garant d'un degré supérieur de la réalité, auquel est demandé notre consentement.

Le 13 mars 1922, Rilke écrivait à Bodländer (traduc. R. Pitrou) :" Prendre la vie par le côté difficile ne veut rien être d'autre qu'une façon de prendre (Nehmen) les choses d'après leur vrai poids, par conséquent de les percevoir (wahrnehmens); une tentative pour peser les choses avec le carat du coeur, au lieu de les peser avec le soupçon, le bonheur ou le hasard. Point de refus, au contraire un infini consentement, toujours, de nouveau, consentement à l'existence!"

 

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