Paul Amargier

Billet février2009

 

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Février 2009

Moutons de Panurge

Il y a tout juste deux mois éclatait dans un ciel économique déjà passablement chargé, le coup de tonnerre du scandale Madoff: cinquante milliards partis en fumée, avec toutes les conséquences qui n'en finissent pas de se succéder.

Bernard Madoff est l'escroc qui a réussi à monter le schéma se Ponzi (Carlo Ponzi, 1882-1949) puisque c'est ainsi que les spécialistes appellent ce système d'escroquerie - le plus important du monde. On parle à son propos, de "plus grande escroquerie financière de tous les temps". Il semble en effet que ses imitateurs, au long du siècle vingt et unième auront bien du mal à faire mieux...

Or, un français, Eugène Bontoux, né en 1820, a réalisé, en 1880, le même coup, à l'échelle, certes, seulement hexagonale, mais à l'identique.

On peut en lire le détail narré par Guy de Maupassant dans l'une des Chroniques, que le "Livre de poche" vient de publier; articles donnés, par l'auteur d'Une Vie, au journal Le gaulois; celui-ci paru sous le titre "A qui la faute?" le 25 janvier 1882.

C'est donc à la banque "Union Générale", crée par Bontoux en mai 1878, qu'il revient d'assurer selon les voeux du fondateur " la force financière de la bourgeoisie catholique française". Le succès fut immédiat et le capital passa de 25 millions, en 1879, à plus de 100 millions au cours de 1881. Hélas, la débâcle vint, tout aussi rapide, déclanchée par la baisse des cours d'une succursale lyonnaise, survenue début janvier 1882.

L'effondrement s'avéra spectaculaire: en un mois les actions perdirent toute valeur. le 30 janvier, la banque cessa de rembourser déposants et créanciers. Le 2 février la faillite était consommée.

Pour mon esprit comme pour celui de Maupassant, "il y a dans ces mots affaires de Bourse, spéculation, un mystère impénétrable". Nous nous trouvons face à des millions perdus. Où sont-ils? Nul ne le sait. Ils étaient donc fictifs. Alors pourquoi tant de cris?

Il ne reste qu'à se tourner vers Rabelais et ses moutons de Panurge:contempler, ébahi, la procession des initiés allant, l'un après l'autre, se jeter par dessus bord, pour finir engloutis dans les flots de la spéculation, hier comme aujourd'hui et sans doute demain.

 

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