avril 2011
Honneur
des hommes
Alors
que je mettais le point final au texte du billet de mars, me
parvenaient les 3 volumes de la Correspondance
échangée entre 1899 et 1937 (446 lettres), par Valéry Larbaud et son
ami Marcel Ray. Elle
manquait à ma bibliothèque; elle y figure désormais, grâce à une
occasion de librairie.
La
lecture de ce corpus, aussitôt entreprise, m'a déporté du côté de
l'admirable recueil publié chez Gallimard "Sous l'invocation de Saint
Jérôme", véritable bréviaire pour les tenants d'un culte dédié au
service de la langue, des langues; c'est de ce côté-là que se situe
l'Honneur des Hommes - saint langage: In principio erat verbum
(au commencement était le verbe)!
D'un
tel culte Larbaud et son ami Ray peuvent être à bon droit proposés
comme d'exemplaires coryphées.
Dans
ce rôle Valery Larbaud excelle, quand il évoque pour nous, par exemple,
l'émotion ressentie " à constater que le peuple qui devait
donne à l'humanité la langue grecque avait, au cours de ses
déplacements, dans l'ombre préhistorique, si complétement oublié la
mer et le mot indo-européen qui la désignait, qu'à son
arrivée
aux rivages de l'Egée il dût inventer pour cette merveille un
nom..." Thalassa, devenu pour nous, aujourd'hui, en France,
grâce aux médias, et c'est heureux, usuel.
On
comprend Barrrès qui peu avant sa mort, survenue comme l'on
sait de façon brutale, déclarait ne plus vouloir d'autre commerce
qu'avec les déesses, les poètes, les héros. pourquoi ne point y joindre
les saintes et les saints? Comme La rbaud
le fait avec Jérôme , ou Nerval avec les mystérieux alexandrins (que
Barrès d'ailleurs aimait se réciter à l'heure de ses rêves):
"
Sainte Napolitaine aux mains pleines de feux,
Rose au coeur violet, fleur de sainte Gudule
As-tu
trouvé ta croix dans le désert des cieux?"
(Les
chimères, Artémis)
Il
est vrai que Nerval appartient à la race de ces aventuriers partis à la
recherche des "bijoux perdus de l'antique Palmyre". A nous d'oser les
suivre sur ces chemins conduisant à l'autel de Dieu qui emplit de joie
la jeunesse éternelle des âmes et leur verse l'ivresse du langage avec
le chant.
Bonnes
fêtes de Pâques.
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